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Parcours humain
Le Tarot en 4 images symboliques pose une dynamique : un principe se manifeste et, dans le jeu de la dualité, une transformation s’élabore qui a besoin de se confronter dans les relations et de s’expérimenter. Ce qui était en potentiel a pu – plus ou moins – se réaliser, gagner en qualité, en force, en réalisme. Le potentiel s’actualise : ce qui était capacité dans l’absolu est devenu pouvoir dans l’épreuve et dans le relatif.
Alors, de ce parcours, se dégage quelque chose de particulier, qui n’est plus seulement une addition, mais plutôt changement d’état. Appuyés sur chacun des côtés du carré, 4 triangles élèvent leur sommet et s’unissent au point de croisement des 2 diagonales du carré … mais ce point est élevé – le sommet de la pyramide – haut, plus haut. Le Pape élève : voilà le secret. Derrière la Papesse, un voile de chair … la connaissance à dévoiler. Derrière le Pape, deux colonnes bleues d’un temple : connais-toi toi-même. De son expérience concrète, l’Humain apprend à la condition qu’il comprenne. Il y a quelque chose de sacré chez les femmes, chez les hommes. Peut-être la chair le voile-t-il ? Cette compréhension demande de s’élever. Le sommet de la pyramide – plus haut, plus léger : l’Humain. L’Humain a besoin de sens. Il n’est pas qu’un animal mû par ses instincts, il n’est pas qu’une machine désirante, plus ou moins programmable et manipulable. Il se construit de sens. Le Pape représente le sens qui se dégage du chemin des 4 premiers nombres. Cinq – Sens – Cinquième … mais plus haut, plus élevé … Quintessence …
L’Humain, de son chemin du I au 4, a nécessité de s’élever au lieu du 5 : le sens subtil, le sens humain, … substantifique moelle … éther … sagesse … Simplement humanité … Des épreuves, l’Humain a appris, compris ce qu’est « être humain ». Il a appris aussi le sens de la responsabilité à l’égard des autres. Il peut donner, à qui le demande, la parole de son expérience et de la compréhension humaine qu’il en a acquise.
Le Pape enseigne
« J’ai appris le chemin de vie par mon expérience.
Il y a ce que je sais. Je l’ai appris dans les livres, dans les récits, dans mes pressentiments.
Mais il y a ce que je connais. J’en ai l’expérience, dans le concret de ce que j’ai vécu, expérimenté, dans les épreuves traversées, les combats assumés, les relations plus ou moins heureuses ou douloureuses. Un chemin humain fait de paix, de peines, de succès, d’échecs, de grandeurs, de petitesses, … Bonheur et souffrance … J’ai désormais quelqu’expérience de ce qu’est « être humain » …
En moi, il s’en dégage une sorte de parfum – hors des jugements de fierté ou de dévalorisation. Je sais ce qu’est être humain : les élans, les limites, ce qui grandit, ce qui écrase, ce qui provoque souffrance, ce qui soulage et allège.
Je ne connais pas ton chemin dans l’originalité qui est tienne, ni quelle route tu peux choisir désormais. Mais je connais le chemin qui a été le mien jusqu’à ce lieu où nous nous rencontrons, ici et maintenant. J’en connais le prix et le mérite. J’ai compris – pour partie – comment, Humain, j’ai appris, j’ai grandi … un peu. J’ai parfois souffert, payé « chair » ce que j’ai appris et compris. J’ai compris que je ne peux enseigner que ce dont j’ai saigné, parce que c’est le seul enseignement dont je peux donner témoignage éclairant. Je ne peux pas décider à ta place, chercher à te soumettre à quelque autorité que ce soit … sinon t’aider à révéler la tienne propre.
Je peux seulement partager, te dire ce que j’ai appris de mon expérience et ce que j’en ai tiré. Ma parole est une parole d’humanité parce que je te parle de moi, Humain.
Alors, écoute ! Tu es venu là, devant moi, pour entendre ce témoignage. Nous nous rencontrons aujourd’hui parce qu’au plus profond de moi, devant toi, je peux te nommer ce que je connais de mon expérience humaine.
Écoute ce que cette parole touche en toi et … peut-être éveille ce que tu portes déjà et que tu es venu vivifier ici en ce temps présent. »
Quintessence
La quintessence est « un acte de passage à la conscience* ». Elle est la conscience agissante et construisant le sens – au moins un sens – à ce que l’Humain vit.
Elle ne vient pas seulement s’ajouter comme « cinquième » aux « quatre » éléments habituels. Mais « elle représente l’unité des quatre la plus raffinée et la plus subtilement spirituelle qu’on puisse imaginer. »* Le Pape symbolise la sagesse apprise par l’Humain de son expérience personnelle. Prendre conscience, mettre du sens, reconnaître. Dégager l’esprit de la forme … pour transformer la nature de l’expérience … en sagesse acquise.
« V » – le Pape est l’image de la sagesse à transmettre, de l’enseignement transmis, lié non à un savoir extérieur abstrait plus ou moins dogmatique mais à une connaissance intime profondément humaine et construite d’humanité. Il est l’image de l’enseignant, celui qui transmet une parole d’humanité sincère et respectueuse de la place de l’autre. Il est le père qui parle à son enfant pour l’éclairer dans le chemin d’élévation qui peut être le sien, encouragé et soutenu par des repères authentiques reçus. Sa parole élève. Le Pape est celui qui a la qualité de nommer avec justesse. Il transmet. Et, transmettant l’expérience et la sagesse qu’il a acquises, il est en cette place paternelle d’amour : il est celui qui élève ses enfants, ses étudiants, ses disciples, au sens où il indique à chacun un chemin qui va lui permettre de grandir en liberté et en autonomie pour apprendre de sa propre expérience personnelle.
- M.L. Von Franz – Nombre et temps – Ed. La Fontaine de Pierre – page 131