L’Etoile

La qualité de l’Étoile est caractérisée par une émergence de conscience. L’Humain entre dans un état d’une autre nature, expérience d’unité où « deux » se réunit en « un » : image d’une femme dans sa nudité, image dont le centre parfait est … la bouche de ce personnage, lieu du corps qui émet la parole, Chair et Verbe réunis en une expression dont l’élan sommital conduit à la brillance d’un astre céleste. L’Étoile est la carte d’une épiphanie, manifestation peut-être d’une dimension de divinité, de sacré, manifestation aussi de quelque chose de caché : l’Être s’était imaginé sujet ; le sujet peut se reconnaître de la source qui l’origine.

Ce qui était caché se révèle, ouvrant la vision d’une autre réalité de l’Humain : « je » d’un sujet ayant parcouru ce chemin de conscience décrit par le Tarot, « je » d’un enfantement du Diable et de la Maison-Dieu, épaississement de la Chair qui permet au Verbe de s’incarner, « je » de la complémentarité des deux idéaux – L’Amoureux et La Maison-Dieu – offrant une vision autre de l’unité en une dimension symbolique, celle qui précisément réunit la forme et la Vie, la matière et l’esprit.

Changement de conscience

L’arcane XVII symbolise ce changement de conscience qui provoque un changement de qualité du corps : le corps symbolique est révélé, en résonance avec les mythes qui parlent de transcendance à travers des métaphores d’une révélation de conscience s’accompagnant d’une mutation de la réalité corporelle. Le corps est révélé en tant que manifestation du principe de la Chair, qui, dans l’espace et le temps, est l’expression du Verbe. C’est un corps unifié en tant que manifestation du Verbe qui, dans l’espace et le temps, est créateur de la Chair. L’unité Shiva-Shakti se présente alors comme luminosité du principe conscient s’expérimentant dans le déploiement du principe créateur qui lui est uni. C’est le corps énergétique des grands sages qui manifestent des possibilités échappant aux lois physiques ou biologiques habituelles, reflétant, par un corps conscientisé, une qualité de compréhension non ordinaire de l’expérience du sujet.

Le Rosaire des Philosophes, au temps de la « Revivificatio », présente l’image du roi et de la reine unis en un seul corps :
« L’âme descend ici du ciel, belle et heureuse, faisant sortir en vérité la fille des sages. »*
L’Étoile est cette fille des sages.

Dans la présentation de « Alchimie – l’Art royal », Jörg Völlnagel précise, à cet état avancé de l’œuvre :
« A la fin, les particules fixes et volatiles de la matière sont
de nouveau réunies. L’âme réintègre le corps. La répétition
des opérations de distillation et de sublimation est un élément central de la métamorphose, car elle conduit à l’ennoblissement et par la même la transmutation de la matière. »* « Nous cherchons en effet à réaliser une seule substance, agglomérée pourtant à partir de plusieurs, unifiée, fixe. »** La Papesse a fait le chemin du Diable, elle peut s’ouvrir au Verbe. En L’Etoile, l’esprit est matérialisé, la matière est spiritualisée, le Verbe s’est fait Chair, la Chair s’est faite Verbe. Le corps symbolique s’y révèle, ce que les alchimistes nommaient « descente de l’âme » et « sortie, en vérité, de la fille des sages ». L’Humain est un sujet symbolique où s’unissent une dimension manifestée et une dimension sacrée. Il est cet aspect de l’existence qui révèle une source : l’Être dans l’élan d’une condensation – expansion de conscience, individualisation d’une conscience individuée. Dans un hologramme, une partie porte et ouvre à la totalité de l’image. C’est le paradoxe de la conscience consciente d’elle-même et consciente de la source globalisante et unifiante, dont elle est à la fois séparée et partie.

Extrait des pages 362 -364

La Voie de l’Être

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